Douze méthodes éprouvées pour trouver et structurer les idées


INTRODUCTION. Une étape clé de toute communication : trouver et structurer les idées

Ie PARTIE – LES METHODES GENERALES DE RECHERCHE DES IDEES

I.  Les quatre critères d’orientation et d’évaluation de la parole

1. Une parole juste : aller immédiatement à l’essentiel

2. Une parole claire, principale qualité de la communication

3. Une parole vraie, principale qualité du communicant

4. Une parole belle

II. La logique cartésienne : l’une des méthodes les plus efficaces de résolution de problèmes

1. L’analyse : diviser la difficulté entre ses composantes

2. La synthèse : aller à l’essentiel

3. L’évidence : ne rien admettre qui ne soit pas évident

4. Le dénombrement : ne rien omettre d’essentiel

III. Le plan : le service minimum de la communication

1. Le plan thématique : un inventaire neutre

2. Le plan analytique : problèmes, causes, conséquences, solutions

3. Le plan dialectique : thèse, antithèse, synthèse

4. Le plan chronologique

5. Les autres types de plan

IV. La méthode SWOT

1. Une autre méthode très efficace de résolution de problèmes

2. Les quatre critères de la méthode SWOT : forces, faiblesses, opportunités, menaces

V. Chiffrez ! Facts and figures !

1. Les chiffres sont des synthèses

2. Le langage de l’entreprise est le  langage des chiffres

VI. Bien utiliser les IA generatives

1. Posez les bonnes questions. Utilisez les méthodes

2. Gardez un sens critique. Evaluez les réponses des IA

3. Les I.A. peuvent elles vraiment respecter le critère essentiel qu’est une “parole vraie” ?

IIe PARTIE – LES LOGICIELS D’AIDE A LA REFLEXION ET A LA COMMUNICATION

VII.1. Power Point. “Le logiciel qui rend stupide” ?

VII.2. Mind Map. Le logiciel qui rend intelligent ?

1. Pensez clairement et créativement

2. Résolvez les problèmes

3. Mémorisez facilement

4. Travaillez ludiquement !

IIIe PARTIE – TROIS CONCEPTS  RHÉTORIQUES CLÉS

VIII.1. La définition. 1ère opération de l’intelligence. Sans elle, une chose n’existe pas

1. Qu’est-ce qu’une bonne définition ? L’essence d’une chose

2. La description étendue : la précision par l’accumulation

3. L’exemple : « Le passeur universel de la rhétorique profonde »

4. Les synonymes : la précision et l’efficacité du mot juste

5. L’étymologie : le vrai sens d’un mot par son origine

VIII.2. Les témoignages, autres “passeurs universels” : enquêtes, statistiques, etc

VIII.3. Les oppositions : général/particulier, espace/temps, etc

IVe PARTIE – LES METHODES DE CIRCONSTANCES

IX.1. Les five WS : Who ? What ? Where ? Why ? How ?

1. La modernisation anglo-saxonne d’une méthode datant de l’antiquité

2. Une méthode utilisée pour relater un évènement

IX.2. Une méthode plus générale : la méthode du questionnement

X. Economie et Marketing. Quelques questions clés

1. Conjoncture

2. Marché

3. Clientèle

4. Produits

5. Prix

6. Concurrence

XI. Dialoguez ! Vous, moi, nous

Une méthode utilisable pour toutes sortes de communications

XII. Encouragez ! Merci ! Bravo ! Continuez !

Une méthode utilisable pour toutes sortes de communications

Ve PARTIE. COMPLEMENTARITE ET SYNERGIE ENTRE LES METHODES

1. L’orientation générale du message

2. La collecte des informations

3. La structuration du message

CONCLUSION. Méthodes et I.A. générative

Introduction. Une étape clé de toute communication : trouver et structurer les idées

Trouver les idées est la première des cinq étapes de la rhétorique et donc de la communication. Les quatre suivantes sont, je le rappelle : les mettre en ordre, les mettre en forme, les mémoriser et, la cinquième et toute dernière, les verbaliser. (V. Le triangle rhétorique, base de toute communication réussie)

Cette première étape est la plus difficile de la rhétorique ou de la communication – qui n’a jamais éprouvé le syndrome de la page blanche ? Mais, il s’agit aussi d’une étape clé de l’élaboration du message. En général, dès que les idées sont trouvées, le plus dur est fait. Les quatre autres étapes se déroulent plus facilement, y compris la dernière, la communication verbale.

On peut recenser douze méthodes principales de recherche et de structuration des idées  (cf. MindMap ci-dessus). Celles-ci sont fondées sur quatre approches différentes :  les méthodes générales, les logiciels d’aide à la réflexion et à la communication tels que MindMap, certains concepts rhétoriques clés, les méthodes de circonstances.

Les idées ou arguments nécessaires à l’élaboration d’un message proviennent de deux catégories de sources : internes et externes.

Les sources externes sont celles des médias, des encyclopédies, des bases de données, des bibliothèques, des dictionnaires etc. Elles font partie de la rubrique “Témoignages” des “Trois Concepts rhétoriques clés” (cf. MindMap, branche 8.2.). Elles sont essentielles mais je ne m’y attarderai pas car elles sont, en général, connues et utilisées par la plupart. La tâche la plus délicate concerne l’exploitation de la source interne. Elle seule fera l’objet de mon propos.

Cette dernière est  la somme d’informations que nous avons accumulée tout au long de notre vie : formation, éducation, expériences personnelles et professionnelles. Il s’agit, en somme, de notre culture. Chacun d’entre nous est, en quelque sorte, une base de données individuelle, plus ou moins importante, dans laquelle il s’agit de puiser.

Pour cette raison, Quintilien, l’un des meilleurs orateurs de l’antiquité romaine et auteur du seul ouvrage complet subsistant sur la rhétorique  (1), considèrait comme primordiale la formation de l’orateur.

Il est clair que plus on est jeune plus on ira puiser dans les sources externes et qu’inversement, avec l’expérience, un certain équilibre pourra s’établir dans le recours à ces deux sources. Mais quel que soit notre profil, la connaissance de ces douze méthodes de recherche des idées et des arguments s’avère souvent très utile

En effet, la principale difficulté est de faire remonter à la conscience des informations qui sont enfouies dans la mémoire, parfois depuis longtemps. Comme l’exprime bien la célèbre phrase attribuée, entre autres, à Edouard Herriot, Einstein, Churchill et, pour finir, sans garantie, à la philosophe et pédagogue suédoise Ellen Key (ci-contre) :

La culture c’est ce qui reste dans l’homme lorsqu’il a tout oublié”

Ce rappel s’effectue par le processus de l’association des idées. On sait que celui-ci est considéré  comme l’un des principaux moteurs de l’intelligence. L’association des idées  n’est pas à proprement parler,une méthode de recherche des idées mais une manifestation de l’un des principaux processus cognitifs de l’esprit humain. Le philosophe Stuart Mill la considérait même, sans doute avec quelque excès, comme “la source de toute la connaissance”.

C’est l’objet des douze méthodes proposées que d’actionner ce processus. Il n’y a pas de miracles. Celles-ci ne fournissent pas de réponses toutes faites mais seulement des modèles ou des schémas de réflexion ou encore de questionnement à partir desquels peut s’amorcer le rappel des informations.

Il suffit, assez souvent, des quelques mots ou expressions qui les composent pour déclencher le mécanisme de l’association des idées à partir desquelles ces dernières s’enchainent et interrompent le syndrome de la page blanche. Il est souvent utile d’utiliser simultanément plusieurs méthodes.

Cet article comprendra les cinq parties suivantes :

I. Méthodes générales de recherche des idées et des arguments

II. Les logiciels d’aide à la réflexion et à la comunication

III. Trois concepts clés de la rhétorique

IV. Les méthodes de circonstances

V. Complémentarité et synergie entre les méthodes

Ie PARTIE – METHODES GENERALES DE RECHERCHE DES IDEES

Il s’agit de méthodes qui définissent un processus intellectuel, un cadre de réflexion, de questionnement, basés sur des critères généraux à partir desquels on peut orienter la recherche des idées. Certains critères sont très généraux comme les deux premiers critères de la logique cartésienne, l’analyse et la synthèse, d’autres sont plus précis comme les deux seconds, l’évidence et le dénombrement, ou encore les quatre critères de la méthode SWOT : forces, faiblesses, opportunités, menaces.

I. Les quatre critères d’orientation et d’évaluation de la parole

Dans « Les huit règles d’or de la communication » , j’ai résumé comme suit l’efficacité de ces quatre critères, que chacun peut constater par la pratique :

« Dès que dans notre communication nous nous écartons, faute de réflexion, des quatre critères fondamentaux de la parole, aller à l’essentiel, être clair, dire la vérité et bien utiliser la langue, l’intérêt de notre interlocuteur chute verticalement ».

Formulés plus concisément, ses quatre critères sont : une parole juste, vraie, claire et belle.

La grande originalité de ces critères, d’où découle leur grande efficacité, résulte de ce qu’ils reposent  sur les comportements humains, et non, comme c’est souvent le cas en matière de méthodes de communication, sur de quelconques théories, habitudes intellectuelles, ou pis encore sur des idéologies ou sur des utopies.

Ils sont issus de deux sources principales “chargées de sens au plus haut degré possible” : la rhétorique moderne et les avis des plus grands esprits de toutes époques, notamment contemporaine, sur la communication.

La rhétorique : on a vu dans nos différents articles que la rhétorique est intemporelle et universelle. La raison en est que ses trois langages, la logique, l’éthique et la psychologie, sont fondés sur nos trois modes de perception de la réalité : la raison, les valeurs, les affects.

Les avis des plus grands esprits : ces avis sont synthétisés dans ce blog sous la forme du “Florilège thématique des 170 meilleures citations sur la communication”. Celui-ci comprend dix-sept thèmes dont les principaux s’inscrivent très précisément dans les trois langages de la rhétorique.

Il y a donc parfaite cohérence entre les trois langages généraux de la rhétorique et les quatre critères spécifiques qui en permettent l’application. La parole juste repose sur la logique, de même que la parole claire, la parole vraie sur l’éthique, la parole belle sur la psychologie. On notera que deux de ces critères, les plus importants, une parole claire et une parole vraie, émanent d’Aristote lui-même, père de la rhétorique.

Sur le plan pratique, il s’agira de se poser la question de la conformité générale du message aux quatre critères d’orientation et d’évaluation de la parole : juste, vraie, claire et belle, et de le faire en fonction des sous-critères.

1. Une parole juste : aller immédiatement à l’essentiel

Pour le premier critère : une parole juste, les sous-critères dont il faut vérifier le respect sont : dénombrer les éléments importants, les hiérarchiser et n’en retenir que l’essentiel, vérifier leur évidence ou leur non-évidence.

2. Une parole claire : principale qualité de la communication

La clarté est, selon Aristote et les nombreux grands esprits qui ont repris ce constat au cours des siècles, la “principale qualité de la communication“.

Celle-ci dépend de nombreux critères, tant de fond que de forme.

 2.1. Critères de fond

Définition rigoureuse du sujet, structuration/hiérarchisation des idées, enchainement logique, argumentation, preuve, synthèse, conclusion

2.2. Critères de forme

Sommaire, mise en page, typographie, illustrations / graphiques, style, utilisation de Mind Map et de Power Point (v. ci-après).

3. Une parole vraie : principale qualité du communicant

Il s’agit, d’une manière générale, selon le conseil d’Aristote (ci-contre), “d’instaurer la confiance”, ce qui est, selon lui, la “principale qualité du communicant“.

Celle-ci s’obtient par les trois moyens que sont l’expression de la vérité, la réputation du communicant ou, si l’on préfère, son personnal branding, et par la bienveillance. Concernant ce dernier critère, il ne s’agit pas d’un je ne sais quel comportement bisounours, mais, étymologiquement, de bona vigilantia, c’est-à-dire d’agir pour le bien commun.

4. Une parole belle : figures de rhétorique et style

Le respect des trois premiers critères de la parole : juste, claire, vraie, constitue déjà en lui-même un élément important du quatrième : une parole belle. Mais deux de ces critères ne concernent que la raison : une parole juste et une parole claire et le troisième les valeurs : une parole vraie.

Si on se limitait à ces trois premiers critères, la communication serait bancale, puisque le troisième critère de la rhétorique, tout aussi important que les précédents : les affects, ne serait pas touché.

On peut y remédier en intervenant sur les figures de rhétorique et sur le style.

4.1. Les figures de rhétorique.

On a vu dans « Pourquoi la rhétorique demeure-t-elle aussi efficace ? » que celles-ci, bien loin de n’être que de simples ornements de langage comme on les a considérées à certaines époques, en facilitent de manière importante la compréhension.

Dans le Nouveau guide pratique des principales figures de rhétorique” j’ai classé les soixante-trois principales figures en trois catégories beaucoup plus explicites et opérationnelles, à mon avis, que la classification classique, à dominante grammaticale :

4.1.1. Les figures d’organisation de la communication (13 figures)

De l’obscurité à la clarté par les figures du Balancement, de la Clarification et de la Transition

Par nature, toutes les figures de rhétorique contribuent à la clarification des idées et par conséquent à celle de la communication. Cependant certaines d’entre elles, constituent de puissants moyens de clarification. C’est pourquoi je les ai classées dans la catégorie « Figures d’organisation de la communication ».  Cette catégorie se subdivise elle-même en trois sous-catégories qui sont définies dans le Guide : les figures de Balancement, de Clarification, et de Transition.

Exemples : Antithèse, Parallélisme, Définition, Exemple, Synonimie

4.1.2. Les figures psychologiques

De l’inconnu au connu et de l’abstrait au concret par le langage des sens

L’une des trois principales définitions de la rhétorique est « l’étude de l’incompréhension et de ses remèdes ». (Cf. Pourquoi la rhétorique demeure-t-elle aussi efficace ?). Le principal objectif des figures psychologiques est d’aider à la compréhension. Cette tâche s’effectue essentiellement par le processus intellectuel de base qu’est la comparaison de ce qui n’est pas familier à ce qui est familier. La comparaison s’effectue elle-même grâce à l’associations des idées et à l’imagination, par l’intermédiaire des sens, au premier rang desquels le visuel, suivi de loin par l’auditif.

Ce recours aux sens a lui-même pour objet d’aider l’esprit à « passer de l’abstrait au concret », autre définition de la rhétorique, ce qui facilite la compréhension. Le langage figuré qu’emploient les figures psychologiques s’oppose au langage littéral lequel repose sur l’usage des mots selon leur signification courante.

Exemples : Analogie, Comparaison, Apostrophe, Personalisation, Métaphore

4.1.3. Les figures linguistiques  (32 figures)

De l’imprécision à la précision par la codification des figures linguistiques

J’entends ici le terme de linguistique non pas en tant que concernant la science du même nom mais au sens général de « relatif à la langue » et ne faisant pas appel aux sens, par opposition aux figures psychologiques ou ne concernant pas l’organisation de la communication, comme les figures du même nom.

La clarification de la pensée n’est pas obtenue ici, comme dans le cas des figures psychologiques, par l’intermédiaire de comparaisons, d’images, de métaphores, de personnalisation ou autres figures s’adressant aux sens mais en jouant sur le langage, sur les mots, les expressions, les phrases. Il y a donc une très claire différence de nature entre ces deux grandes catégories de figures.

On peut en ce qui concerne le classement des figures linguistiques en sous-catégories emprunter à la rhétorique classique, une fois n’est pas coutume, un classement en cinq postes qui, en l’espèce, s’avère très pertinent : l’Amplification, la Répétition, la Dramatisation, l’Opposition, l’Humour et les Jeux de mots.

Exemples : Accumulation, Euphémisme, Hyperbole, Litote, Paradoxe

4.2. Le style

On confond souvent les figures de rhétorique et les figures de style. La distinction académique sépare les figures de rhétorique, visant la persuasion, des figures stylistiques, visant l’« ornement du discours ».

Dans le premier sens, les figures de rhétoriques apparaissent comme de véritables schémas de pensée ce qui leur confère un rôle beaucoup plus important en matière de communication que de simples “ornements du discours”. Par ailleurs il est réducteur de réduire le style à de simples figures.

Des ouvrages entiers, très peu nombreux, sont consacrés au style. Leur objet est souvent assez limité. Il est clair, par exemple, que la bonne utilisation de la langue passe nécessairement aussi par le respect de l’orthographe et de la grammaire mais cela ne peut faire l’objet de ces ouvrages.

Je me bornerai ici à conseiller l’utilisation de bons correcteurs/dictionnaires tels qu’Antidote.  En tant que correcteur il n’est guère meilleur que les autres mais en tant que dictionnaire c’est une pure merveille. Voici la liste des nombreuses rubriques, très richement renseignées, qu’il comporte : définitions, synonymes, antonymes, cooccurrences, champ lexical, conjugaison, famille, citations.

De plus, ce logiciel est doté de deux outils très précieux pour qui veut analyser et évaluer sa communication écrite : d’une part un compteur de caractères, de mots, de paragraphes, de longueur de phrases, d’autre part un évaluateur de style.

La fonction style comporte quatre indicateurs : répétition, tournures, vocabulaire et, last but not least, deux indicateurs de lisibilité : Antidote et Flesch.

La fonction statistiques porte sur des indicateurs très importants pour la facilité de lecture que sont le nombre de mots et la taille des paragraphes et des phrases. Elle inclut également un indicateur de performance concernant le respect de l’orthographe, de la grammaire et de la typographie.

Plus généralement, mais cela est hors de mo, propros, le style est, en littérature, selon Wikipédia :

“Un aspect propre de l’expression chez un écrivain. Il constitue sa façon personnelle de traiter les textes et leur mise en récit, devenant parfois une forme d’identité littéraire”.

2. La logique cartésienne : l’une des méthodes les plus efficaces de résolution de problèmes

La logique cartésienne est toujours, on le sait, pleinement d’actualité. C’est notamment la méthode de pensée couramment mais en général inconsciemment appliquée dans le monde de l’entreprise.

On peut résumer en quatre mots les quatre règles de la logique cartésienne telles que celles-ci sont définies par Descartes (ci-contre) dans le « Discours de la Méthode » : l’analyse, la synthèse, l’évidence, le dénombrement.

Il y a lieu de rappeller qu’analyse et synthèse sont, d’après la logique moderne, les deux méthodes fondamentales de l’intelligence.

1. L’analyse : diviser la difficulté en autant de ses composantes

L’analyse consiste à subdiviser la réalité ou autrement dit le problème ou la difficulté en autant de ses composantes. Cette règle est sans doute l’une des plus efficaces de la logique cartésienne. Elle répond à une évidence : il est plus facile de résoudre un problème en le divisant. Ce qui est moins évident c’est que cette opération est très facilitée par l’utilisation de logiciels tels que Mind Map, avec le procédé de l’arborescence. J’y reviendrai plus loin.

Le plan ou sommaire est l’application pratique de l’analyse et de la synthèse. Faire un plan c’est matérialiser ces deux démarches, le plus souvent en allant du général au particulier ou du plus important au secondaire.

2. La synthèse : aller à l’essentiel

La synthèse, démarche inverse de l’analyse, consiste, selon Descartes, à remonter des idées les plus simples vers les plus complexes, en se focalisant sur l’essentiel. Comme pour l’analyse, l’arborescence de Mind Map matérialise très clairement la synthèse, avec les branches maitresses rayonnant autour du tronc de l’arbre sur lequel s’inscrit l’idée centrale.

3. L’évidence : ne rien admettre qui ne soit pas évident

La règle de l’évidence consiste à ne rien admettre qui ne soit pas évident. C’est une règle très efficace de contrôle de la communication, plus facile à énoncer qu’à appliquer. Si le propos tenu n’est pas évident c’est que la communication est défectueuse. Lorsqu’on rédige, se poser constamment la question : est-ce que je dis est évident est, à mon avis, une bonne hygiène intellectuelle. On note que cette règle cartésienne de l’évidence rejoint celle de la clarté, principale qualité de la communication selon Aristote.

4. Le dénombrement : ne rien omettre d’essentiel

Le dénombrement consiste à ne rien omettre de ce qui est essentiel. Si une communication comporte quatre arguments principaux et que l’on en oublie deux, la perte de substance est de cinquante pour cent ! Le cas du CV analysé dans un article précédent (La méthode des Huit règles d’or de la communication versus Chat GPT) est un bon exemple de dénombrement défectueux. Dans la réponsae de cette IA générative on relève tout d’abord une erreur : la mention, à tort, des références professionnelle, puis deux omissions : les centres d’intérêt et la photo.

3. Faire un plan : le service minimum de la communication

« Faire un plan » était naguère un élément incontournable de l’enseignement. Il semble qu’il n’en soit plus de même aujourd’hui alors même qu’il s’agit l’un des outils essentiels de la communication, peut-être même le plus important. Vouloir élaborer une communication sans faire de plan c’est comme si un navigateur prétendait naviguer sans boussole ou sans G.P.S.

D’un point de vue pratique, le sommaire permet d’avoir une connaissance immédiate du sujet traité. L’une des toutes premières démarches que nous faisons lorsque nous prenons connaissance d’un livre, d’une note ou d’un rapport n’est-elle pas de consulter le sommaire ?

On dénombre quatre principaux types de plans : thématique, analytique, dialectique, chronologique. Ce sont les plus couramment utilisés et ils recouvrent à peu près tous les sujets. Chaque type de plan permet d’aborder un sujet sous un angle différent et ainsi de conduire à des associations d’idées différentes.

1. Le plan thématique : un inventaire neutre

Le plan thématique se borne à exposer, à faire l’inventaire des différents aspects d’un sujet, de manière neutre, sans prendre position. Le défaut majeur de ce plan est qu’il risque de tourner vite au catalogue.

2. Le plan analytique : problèmes, causes, solutions

Le plan analytique se divise en trois parties principales : l’exposé du problème, l’analyse des causes, la recherche de solutions.

3. Le plan dialectique : thèse antithèse, synthèse

Le plan dialectique comprend lui aussi trois parties principales : l’exposé d’une thèse, puis celui de la thèse opposée, et enfin la synthèse dans laquelle on concilie ces deux thèses.

4. Le plan chronologique

Certains faits ou évènements nécessitent d’être relatés par ordre chronologique. Selon Wikitionnaire “l’ordre chronologique consiste dans le classement de faits, d’évènements dans un ordre logique en débutant par le plus ancien pour en  arriver au plus récent”. Selon le cas, on peut aussi procéder par ordre chronologique inverse. L’important est de vérifier qu’il y a bien cohérence dans la chronologie des différents évènements.

5. Les autres types de plan

On peut envisager d’autres types de plan sous réserve qu’ils soient cohérents et adaptés au sujet traité.

On peut citer, par exemple, dans le cas de sujets simples, ne nécessitant pas un enchainement logique rigoureux, le plan énumératif, dans lequel on  se borne à énumérer les points forts du propos.

4. La méthode SWOT

1. Une autre méthode très efficace de résolution de problèmes

Avec la logique cartésienne, la méthode SWOT est sans doute l’une des plus efficaces en ce qui concerne la résolution de problèmes. Elle est cependant moins générale que la première et elle ne peut donc s’appliquer à tous sujets. L’avantage de ce défaut est que les quatre principes ou critères sur lesquels elle repose sont plus concrets et que de ce fait ils permettent de faciliter l’association des idées. Il est, par exemple, en général relativement facile de repérer certaines forces ou faiblesses d’un projet ou d’une situation et à partir de là d’entrer dans le détail et développer le sujet par l’intermédiaire de l’association des idées.

2. Les quatre critères de la méthode SWOT : forces, faiblesses, opportunités, menaces.

La méthode Swot consiste tout d’abord à faire le bilan des forces et des faiblesses d’un projet, puis à en analyser les opportunités et enfin, à l’inverse, les menaces que celui-ci pourrait rencontrer.

On conseille, en général, de classer les forces et les faiblesses par ordre décroissant d’importance. Souvent il n’est pas indispensable d’aborder les  menaces et opportunités et on peut se limiter aux forces et aux faiblesses.

L’intérêt psychologique de cette méthode est qu’elle nous met au pied du mur. Elle nous oblige à la clarté, à élucider ce que notre inertie ou notre paresse intellectuelle nous empêche de voir ou encore, parfois même, ce que nous ne voulons pas voir.

La méthode SWOT est décrite en détail dans différents sites internet dont celui de Wikipedia.

5. Chiffrez !  Facts and figures !

« Facts and figures ! » (« Des faits et des chiffres ! ») est un conseil souvent donné aux journalistes anglo-saxons . Plus généralement,  Lord Kelvin (ci-contre), spécialiste de la thermodynamique, écrivait :

« On ne connait bien que ce que l’on peut chiffrer »

Les chiffres sont des synthèses. Ils nous obligent à la précision. Le chiffrage est, on le verra dans la quatrième partie, une des applications subsistantes et toujours d’actualité d’un concept de la théorie des lieux rhétoriques : celui du témoignage.

6. Les I.A. Génératives

Présenter les IA génératives n’est pas mon propos. On pourra consulter à ce sujet, parmi les rares ouvrages publiés à ce jour en français, celui d’Eric Sarrion : La révolution Chat GPT (2). Celui-ci considère cet outil “comme aussi révolutionnaire que le Web au début des années 2000“.

Je me limiterai ici à ce qui est déja une règle de base de leur utilisation : poser les bonnes questions. Les IA génératives donnent déja souvent de bonnes réponses à des questions plus ou moins complexes. Encore faut-il poser les bonnes questions et, la réponse obtenue, faire preuve d’esprit critique.

1. Poser les bonnes questions

Pour obtenir des réponses précises des IA génératives, il faut d’abord poser les bonnes questions et souvent poser plusieurs bonnes questions successives.

Mais qu’est-ce qu’une “bonne question” ? C’est là ou les méthodes de recherche d’idées peuvent être très utiles, à commencer par celles qui portent sur la logique. Est-ce que la question posée va à l’essentiel ? Est-elle précise ? Est-elle claire ? Est-ce que la réponse de l’IA est complète, respecte-t-elle le dénombrement cartésien, suit-elle un ordre logique, une hiérarchie des critères ?

Tant que l’IA ne donne pas de réponse précise, il ne faut pas hésiter à continuer le questionnement.

2. Faire preuve d’esprit critique

Dans l’état actuel du développement des I.A. génératives leurs réponses ne sont pas exemptes d’erreurs et d’omissions. Il faut donc faire preuve d’esprit critique. Le conseil sur la pertinence des questions formulé plus haut vaut aussi pour les réponses.

Il convient donc de garder un esprit critique vis-à-vis de la véracité générale de leurs prestations, plus spécifiquement en ce qui concerne les fakes news

Dans “La méthode des Huit règles d’or de la communication versus Chat GPT” j’ai procédé à une étude de cas portant sur un sujet relativement simple : celui du CV. La réponse de l’IA est apparemment excellente mais elle comporte néamoins une erreur majeure, la mention des références professionnelles et deux omissions : celles des centres d’intérêt et de la photo.

Voici les cinq conseils que donne Eric Sarrion dans le chapitre “Poser les bonnes questions” de son livre. Je précise que je n’ai eu connaissance de ce dernier qu’après avoir fait ma propre expérience, quoique rapide, de l’IA et après avoir rédigé cette partie de l’article.

Essayez d’être clair et précis dans la formulation de votre question…Si votre question est complexe, essayez de la subdiviser en sous questions plus spécifiques

Assurez-vous que votre question est spécifique et bien définie

Essayez de poser une seule question à la fois. Evitez de poser plusieurs questions dans la même phrase ou le même message.

Essayez d’utiliser un langage simple et clair  pour poser votre question

Restez dans la même discussion si vous abordez le même sujet de discussion

3. Les I.A. peuvent elles vraiment respecter le critère essentiel qu’est une “parole vraie” ?

On a vu que l’un des trois sous-critères d’une “Parole vraie” est l’action pour le bien commun ou “bona vigilantia“. Il s’agit là d’une qualité essentielle du communicant personne physique. Mais les machines ou semi-machines que sont encore les IA peuvent elles le respecter ? N’y a-t-il pas là un problème d’éthique ?

Quelles sont les intentions des entreprises qui en sont propriétaires ? Agissent-elles pour le bien commun ? Ou pour des motifs purement commerciaux ? Sur quels critères les algorithmes qui régissent ces IA sont-ils élaborés ? N’y-a-il pas un risque de monopolisation et de manipulation de l’information ? Ces entreprises respectent-elles les droits d’auteurs ?

On sait qu’une action en justice pour monopole est déjà entreprise à l’encontre de Google en ce qui concerne son moteur de recherche.

IIe PARTIE – LES LOGICIELS D’AIDE A LA REFLEXION ET A LA COMMUNICATION

Dans un article récent j’écrivais : “A l’heure de l’IA, pour l’affronter avec succès, l’utilisation des N.T.I.C. antérieures , dont MindMap ou les logiciels d’aide à la communication similaires, devient presque un must”.

J’aurais du dire que c’est un must. Affronter aujourd’hui l’efficacité et la rapidité instantanée des IA sans l’aide des N.T.I.C. antérieures ce serait comme si, à l’ère de l’ordinateur, on voudrait encore se servir de la machine à écrire ou de la plume d’oie ! Ceci concerne tout particulièrement les logiciels d’aide à la réflexion et à la communication, dont les principaux sont PowerPoint et MindMap.

V.II.1. PowerPoint : “le logiciel qui rend stupide” ?

Je ne cite PowerPoint qu’en raison de son ancienneté et de son usage courant. En fait, PowerPoint n’est qu’un logiciel de présentation, et non un véritable logiciel d’aide à la communication alors que MindMap est l’un et l’autre.

MindMap est, à mon avis, beaucoup plus que PowerPoint, une aide intellectuelle importante à l’élaboration de la communication. Il présente notamment une caractéristique essentielle par rapport à celui-ci : son caractère synthétique.

Une seule MindMap suffit pour exposer l’intégralité d’un sujet, y compris complexe, alors que la succession de slides de PowerPoint est, par nature, analytique. L’arborescence qu’utilise MindMap est, elle, à la fois synthétique : une idée centrale et des branches primaires, puis analytique avec les branches secondaires, tertiaires etc.

Dans  le même ordre d’idée, MindMap n’utilise que des mots clés, ce qui en rend l’utilisation très simple et facilite la créativité. La lourdeur d’utilisation de PowerPoint découle pour une bonne part de l’utilisation de phrases entières.

Enfin, avec PowerPoint, le remplacement des conjonctions de coordination et de subordination par des listes de puces fait disparaitre l’enchainement logique des idées et des arguments, alors même qu’il s’agit là d’éléments essentiels.

Avec MindMap, l’animateur, en utilisant les mots-clés, n’est pas prisonnier du texte comme dans Power Point. Il bénéficie de toute la liberté de l’expression verbale pour insister sur les points importants, lesquels apparaissent eux-mêmes clairement par la vertu de l’arborescence.

Ces différents défauts de PowerPoint font que ce logiciel est souvent critiqué en tant qu’outil d’aide à la communication, un auteur  l’ayant même qualifié de “logiciel qui rend stupide“! (3)

Il demeure cependant un outil utile et très utilisé en matière de présentations mais l’erreur est de lui demander ce pourquoi il n’a pas été conçu : l’élaboration intellectuelle du message.

VII.2. MindMap : le logiciel qui rend intelligent ?

J’ai décris ci-dessus les trois principales qualités que présente MindMap par rapport à PowerPoint en ce qui concerne l’élaboration du message. Je reprendrai ci-après les principaux usages qu’on peut faire de ce logiciel selon son créateur, Tony Buzan, dans l’un de ses très nombreux ouvrages (4) :

1. Pensez clairement et de manière créative

La clarté, résulte de l’utilisation de l’arborescence, des mots clés et de la présentation : formes, couleurs, illustration. Il en est de même de la créativité. Il est à la fois plus facile et plus efficace de procéder à des associations d’idées, sources de créativité, à  partir de mots-clés qu’à partir d’expressions ou de mots courants, moins chargés de sens.

Il est intéressant de noter que Tony Buzan (ci-contre), créateur de MindMap, rejoint Aristote, selon lequel  la définition est un concept clé de la rhétorique et la clarté la principale qualité de la communication  :

La définition est le but de la clarté. La clarté est le guide de vos buts

2. Résolvez les problèmes

La division d’une MindMap en idée centrale, branches maitresses de synthèse et branches secondaires, tertiaires etc d’analyse est la représentation graphique des quatre règles de Descartes : analyse, synthèse, évidence, dénombrement.  Les deux premières de ces règles correspondent aux deux méthodes qu’utilise l’intelligence.

On a vu que parmi ces trois règles, l’analyse est l’une des plus importantes puisqu’elle consiste à diviser la difficulté et que c’est cette division qui permet, souvent, de résoudre un problème. Le fait de disposer de ce cadre intellectuel préétabli qu’est l’arborescence et la possibilité d’y insérer instantanément, à tous les niveaux, des mots-clés sont des atouts pratiques importants car ils facilitent beaucoup cette démarche .

3. Mémorisez facilement

L’élaboration d’une MindMap rend presque automatique sa mémorisation intégrale. La mémoire est très stimulée par l’arborescence et la séquence hiérarchique des branches ainsi que par les formes, les couleurs et les images.

4. Travaillez ludiquement

Tony Buzan n’évoque jamais le fait que travaillez avec MindMap est une tache souvent ludique alors même que la  plupart de ses utilisateurs le reconnaissent et que c’est une qualité rarissime tant parmi les outils intellectuels que manuels.

Cette “ludicité” découle à la fois de sa facilité d’utilisation, du développement de la créativité que permet cette facilité, et aussi, de l’aspect artistique qui résulte de l’utilisation des formes, des couleurs et des images. Cet aspect artistique est évidemment plus développé quand une MindMap est réalisée à la main – certaines sont de véritables oeuvres d’art – que par ordinateur.

La MindMap qui illustre un article précédent est une bonne illustration de ce que l’on peut couramment faire avec ce logiciel.  Sa version antérieure, un peu moins importante, synthétisait en cent-quarante mots clés cinquante-trois pages de texte représentant 13.311 mots. Chaque mot-clé représentait 95 mots soit six phrases de 15 mots ou 3 phrases de 30 mots.

Il est important de souligner qu’en général, les utilisateurs d’une MindMap rédigent  d’abord celle-ci, sous la forme d’un sommaire ou d’une table des matières, le tout en mots-clés, sans passer par le texte, lequel est ensuite beaucoup plus facile à rédiger.

Est-ce à dire, pour autant, que MindMap est une véritable méthode intellectuelle, un logiciel qui rend intelligent, ce qui est la position de son créateur Tony Buzan ? Il faut sans doute voir dans cette position l’amour d’un père pour son enfant !

Personnellement, tout en ne minimisant nullement l’aide intellectuelle très puissante qu’est ce logiciel, je considère qu’il ne s’agit que d’un outil. Il ne se substitue en aucun cas, notamment, à la véritable méthode de communication qu’est la rhétorique. Certes MindMap facilite beaucoup l’application des trois langages de cette discipline, la logique, l’éthique et la psychologie, mais il n’en définit nullement les principes et les règles. C’est là toute la différence.

IIIe PARTIE – TROIS CONCEPTS CLES DE LA RHETORIQUE

N‘en déplaise à Aristote, (ci-contre), la théorie des lieux rhétoriques dont il est le père, est, on l’a vu dans « Pourquoi la rhétorique demeure-t-elle aussi efficace ? », globalement obsolète.  Fort heureusement, un petit nombre de ces lieux ou topics, on dirait aujourd’hui des concepts clés, survivent. Ils présentent encore une très grande importance en ce qui concerne l’élaboration de toute communication et la genèse des idées et des arguments.

Parmi ces lieux ou concepts survivants trois sont particulièrement importants : la définition, dont l’exemple fait partie, les témoignages, les oppositions.

VIII.1. La définition. 1ère opération de l’intelligence. Sans elle une chose n’existe pas

Dans « Pourquoi la rhétorique demeure-t-elle aussi efficace ? » j’insistais sur  l’importance du concept de définition en rappelant que tant qu’une chose n’est pas nommée elle n’existe pas :

« Toute une partie de l’élaboration d’une communication consistera donc à nommer, à définir de manière aussi précise que possible les sujets, les questions, les problèmes, les concepts, les objectifs, les résultats escomptés, etc., sur lesquels porte cette communication.

La rhétorique, dont l’objet est d’élaborer un message qui soit vraisemblable, utilise pour ce faire différentes formes de définitions dont la connaissance est déterminante en ce qui concerne l’efficacité de ce message, tels l’exemple, le synonyme, l’étymologie, la description étendue ».

1. Qu’est-ce qu’une bonne définition ? L’essence d’une chose

Avant d’en examiner les différentes formes, je rappellerai brièvement ce que sont les caractéristiques d’une bonne définition. Dans “Principes de logique“(5), Victor Thibaudeau (ci-contre) consacre tout une section de l’ouvrage à la “Définition de la définition“. Cette dernière est, comme le reste, d’une grande clarté alors que la définition qu’en donne Aristote, vue par un oeil moderne, semble d’une austérité très rhétorique et peu stimulante.

Il faut tout d’abord insister sur le fait que V. Thibaudeau définit la définition comme l’une des trois opérations de l’intelligence, avec l’énonciation et l’argumentation. Ceci a l’immense mérite de définir les bases intellectuelles, souvent totalement ignorées, de la communication et de mettre en évidence l’importance de ces trois opérations. Voici quelques extraits de “Principes de logique” sur la définition de la définition  :

La première opération de l’intelligence poussée à sa perfection est nommée une définition parcequ’elle s’apparente à une activité physique nommée anciennement “définition”… Le mot français “définition” dérive du nom latin “definitio” qui signifie l’action de délimiter un espace.

Définir une chose, au sens logique, c’est en déterminer ses limites, préciser son extension.

La définition est un discours qui a spécifiquement pour objet d’expliquer l’essence d’une chose.

La meilleure définition possible d’une chose sera un discours qui nomme et qui relie comme un tout les deux parties de son essence que sont son genre et sa différence spécifique

Ce qu’il faut retenir, à mon avis, sur le plan pratique, c’est qu’une bonne définition “explique l’essence d’une chose” et repose sur deux concepts : celui de catégorie générale ou de genre et celui de différence.

Si l’une des meilleures définitions de la communication est “Bien parler, c’est bien penser” c’est qu’elle correspond très exactement aux caractéristiques ci-dessus.

Ajoutons qu’une bonne définition, quelle que soit la catégorie à laquelle elle appartient, doit respecter les trois conditions suivantes : Premièrement les termes de la définition doivent être plus clairs et plus familiers, autrement dit moins abstraits, que le terme qui est défini. En second lieu la définition ne doit pas répéter le terme défini ou utiliser des synonymes

Enfin la définition doit autant que possible être exprimée en termes positifs et non en termes négatifs.

Par exemple, les témoignages, tels que les enquêtes d’opinion ou les statistiques, qui font partie de la catégorie générale de la définition, sont plus clairs et plus familiers que cette dernière. Ils peuvent remplir également les deux autres conditions : ne pas répéter le terme défini et être exprimés en termes positifs.

Examinons maintenant les différentes formes de définition.

2. La description étendue : la précision par l’accumulation

Parallèlement aux définitions simples telles que « La rhétorique est l’art de la persuasion », il existe ce que la rhétorique appelle des « descriptions étendues » c’est-à-dire une suite ou une cascade de définitions, plus ou moins simples.

Le but de ces « descriptions étendues » est d’expliciter, de compléter les définitions simples. L’accumulation et la répétition sont des procédés souvent utilisés dans les figures de rhétorique, l’objectif étant d’atteindre une précision optimale.

Ainsi, peut-on formuler, par ordre décroissant d’importance, sept définitions de la rhétorique, chacune apportant une précision par rapport à la définition de base. (V. Pourquoi la rhétorique demeure-t-elle aussi efficace ?)

3. L’exemple : « Le passeur universel de la rhétorique profonde » 

On sait qu’il existe deux modes de raisonnement : inductif et déductif. L’exemple est au raisonnement inductif ce que le syllogisme est au raisonnement déductif. Si le syllogisme est peu utilisé dans la communication courante (cf. «Pourquoi la rhétorique demeure-t-elle aussi efficace ? »,) il n’en est pas du tout de même, au contraire, de l’exemple.

Un excellent auteur, Paola PAISSA  (ci-contre), constate ainsi « l’extrême vitalité de cette pièce maîtresse de l’ancienne rhétorique » et le considère, fort justement, comme le « passeur universel de la rhétorique profonde ».

Il existe même des Rhétoriques de l’exemple. Certains auteurs vont jusqu’à estimer que l’exemple constitue, après l’induction et la déduction, une troisième voie cognitive : celle de l’abduction.

Ce qui différencie essentiellement l’exemple des « usines à gaz » abstraites, complexes et de ce fait inutilisées de la rhétorique c’est précisément qu’à la différence de celles-ci,  il permet le passage de l’abstraction au concret, de la même manière que les figures de rhétorique.

Par ailleurs, contrairement à la majeure partie de la théorie des lieux dont il est issu, l’exemple est en parfaite cohésion avec la théorie psychanalytique et de ce fait il favorise l’association des idées, base de la recherche de celles-ci et des arguments. L’élaboration d’un exemple fonctionne par l’analogie et s’apparente sur ce point à la comparaison tout en s’en distinguant.

Très souvent les généralités ne peuvent vraiment se comprendre que si nous les concrétisons par des exemples. L’exemple est un élément clé de l’argumentation et de la preuve. Une communication qui manque d’exemples risque vite d’être incomprise et de ce fait d’être ennuyeuse.

Ainsi, il n’est guère possible de bien comprendre la définition d’une figure de rhétorique si celle-ci n’est pas assortie d’un exemple. Par exemple, la définition de l’anaphore : « la répétition du même mot ou de mêmes mots au début de plusieurs phrases successives » est trop générale et elle ne nous sera guère utile si nous ne disposons pas d’un exemple qui l’illustre : « Moi président de la République…, Moi président de la République…, Moi président de la République…

Souvenons-nous cependant que la rhétorique, dont fait partie l’exemple, conduit au vraisemblable et non à la vérité et que l’on peut toujours opposer à un exemple un contre-exemple.

4. Les synonymes : la précision et l’efficacité du mot juste

Les synonymes n’ont sans doute pas la réputation d’être de puissants outils de communication. N’oublions pas cependant que la rhétorique est méthode de communication ET méthode de pensée et que les synonymes, comme tous les mots, sont les véhicules de la pensée. Les mots les plus précis expriment mieux la réalité que ceux qui ne le sont pas, comme aurait pu le dire Monsieur de la Palice. Plus les mots que nous utilisons sont précis, plus ils sont justes, plus notre communication sera efficace.

Si je me permets d’insister sur ce point apparemment anodin c’est que, selon certains auteurs, dont notamment le formateur à l’audience internationale qu’est Antony Robbins (ci-contre), cité dans « Pourquoi la rhétorique demeure-t-elle aussi efficace ? », les meilleurs communicants sont ceux qui s’expriment avec une grande précision, précision qui n’est pas dans les gènes de la société actuelle en matière de communication. Comme le dit Robbins dans “Pouvoir illimité” (5) :

La réussite dépend en partie de la justesse et de la précision avec lesquelles nous nous exprimons”

Il est clair que, pour en revenir à notre sujet : la recherche et la structurationdes idées, plus les mots que nous utilisons sont précis plus ils sont de nature à favoriser des associations d’idées fructueuses. Si nous disposons d’un vocabulaire de 20.000 mots notre intellect, plus précisément notre inconscient, pourra quantitativement générer quatre fois plus d’idées que si nous n’en disposons que de 5.000, et par ailleurs ces idées seront beaucoup plus riches.

Il est à ce sujet des plus utiles de disposer d’un correcteur numérique qui ne se borne pas à la correction de l’orthographe et de la grammaire mais auquel est associé un dictionnaire.

ANTIDOTE (v. § 1.4.2. le style), par exemple, pour le mot communication, ne propose pas moins de cinquante synonymes ! Quand on consulte ce dictionnaire on est, de ce fait, à peu près sûr de trouver le mot juste !

5. L’étymologie : le vrai sens d’un mot par son origine

Comme les synonymes, l’étymologie peut être utile pour préciser le sens et certaines nuances des mots, notamment pour ceux qui ont étudié le latin ou le grec, mais pas seulement. Par exemple pour synthétiser, dans le triangle rhétorique (cf. «Le triangle rhétorique, base de toute communication réussie» l’efficacité des trois langages de cette discipline : la logique, l’éthique, la psychologie, après avoir fait moult recherches dans ANTIDOTE, j’ai trouvé le mot « captiver ». Ce mot m’a semblé d’autant plus pertinent lorsqu’on s’adresse à un public qu’il vient du latin « captivarer », faire prisonnier !

VIII.2. Les témoignages, autres “passeurs universels” : enquêtes, statistiques

Nous avons vu dans la 5e méthode générale de recherche des idées que « l’on ne connait bien que ce que l’on peut chiffrer ». En formulant cet aphorisme le scientifique du XXe siècle qu’était lord KELVIN, ne se doutait peut-être pas qu’il reprenait l’un des éléments de la théorie des lieux formulé plus de deux mille ans plus tôt.

Nous avons vu par ailleurs que la puissance des chiffres sur le plan de la communication découle de ce qu’ils sont des synthèses. L’efficacité de cette méthode demeure aujourd’hui sous les formes modernes que sont, parmi d’autres, les enquêtes d’opinion ou sondages, les statistiques, l’audience des médias, les listes de best-sellers, les étoiles en matière d’hôtellerie etc.

L’intérêt de ces témoignages est que comme l’exemple et les figures de rhétorique ils sont  des “passeurs universels”. Ils constituent un passage entre l’abstraction et le concret et ils sont également par conséquent autant d’éléments de nature à favoriser l’association des idées.

Une bonne pratique sera donc de rechercher les chiffres significatifs susceptibles d’enrichir une communication sans toutefois en abuser, sachant que, paradoxalement, ceux-ci tout en reflétant une réalité concrète sont eux-mêmes des abstractions.

VIII. 3. Les oppositions : une chose et son contraire

Les oppositions ou contraires sont des dérivés des lieux rhétoriques principaux et ont de ce fait, comme ces derniers, un caractère général, abstrait qui n’est pas, en principe, de nature à favoriser l’association des idées.

Cependant des oppositions spécifiques telles que général/particulier, essentiel/secondaire, analytique/synthétique et d’autres sont assez fréquemment utilisées. Elles sont  de nature à générer des idées et des arguments.

En voici une liste, non limitative :

  • Général/Particulier
  • Essentiel/Secondaire
  • Analytique/Synthétique
  • Quantitatif/Qualitatif
  • Conjoncturel/Structurel
  • Espace/Temps
  • Différerence de degré/Différence de nature
  • Clarté/Obscurité
  • Vérité/Mensonge

IVe PARTIE – LES METHODES DE CIRCONSTANCES

Par opposition aux méthodes générales de recherche d’idées, les méthodes de circonstances portent sur des concepts précis, prédéfinis ce qui, apparemment, en limite l’utilisation. Apparemment car ces méthodes reposent sur un concept plus général : celui du questionnement, procédé qui peut être, lui, utilisé comme méthode générale dans la résolution de problèmes.

IX.1. Les five WS : Who ? What ? Where ? Why ? How ?

1. La modernisation anglo-saxonne d’une méthode datant de l’antiquité

La méthode des « Five WS » (cinq W) est la modernisatio anglo-saxonne d’une méthode très ancienne, datant de l’antiquité latine : la méthode des QQOQCCP : Quis ? Quid ? Quibus auxiliis ? Cur ? Quomodo ? Quando ? ou en français : Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Combien ? Pourquoi ?

Ce sont les sept questions qui définissent les circonstances d’une situation. Selon Wikipedia cette méthode a elle même plusieurs origines historiques dont notamment l’hexamètre de Quintilien qui, comme son nom l’indique porte sur sept points ou questions : la personne ? Le fait ? Le lieu ? Les moyens ? Les motifs ? la manière ? le temps ?

2. Une méthode utilisée pour relater un évènement

La méthode des Five WS est utilisée pour relater un évènement, notamment par certaines professions, journalistes, policiers etc

  • Who ? De qui s’agit-il ?
  • What ? De quoi s’agit-il ?
  • Where ? Où cela s’est-il passé ?
  • Why ? Pourquoi cela est-il arrivé ?
  • How ? Comment cela est-il arrivé ?

IX.2. Une méthode plus générale : la méthode du questionnement

Au-delà des « Five W », Wikipedia fait état de la redécouverte en 1945 par Edward Deming de l’intérêt de la méthode du questionnement en matière d’analyse :

« Toute démarche d’analyse implique en effet une phase préalable de « questionnement systématique et exhaustif » dont la qualité conditionne celle de l’analyse proprement dite, en vue de collecter les données nécessaires et suffisantes pour dresser l’état des lieux et rendre compte d’une situation, d’un problème, d’un processus ».

« Faire le tour d’une question conduit à s’en poser et à répondre à de nombreuses – 5 à 10 suivant les auteurs » telles que : Que fait-on ? Avec quoi le fait-on ? Qui est concerné ? Qui le fait ? Et pourquoi cette personne ? Où le fait-on ? Quand le fait-on ? Avec quelle quantité ? » etc.

10. Economie et marketing. Quelques questions clés

Compte tenu de leur complexité, on a parfois tendance à laisser aux spécialistes le soin de traiter des questions d’économie et/ou de marketing. On peut néamoins se poser un certain nombre de questions clés, ne serait-ce que pour dégrossir le problème et exercer un certain contrôle sur le diagnostic de ces spécialistes. En voici une liste, non limitative :

1. Conjoncture

L’économie, ou le marché, sont ils en croissance, en récession, stagnants ?

2. Marché

Quelle est l’importance du marché ? Production ? Nombre de ventes ?

3. Clientèle

Quelle est la clientèle ? Age, sexe, C.S.P., revenus. Entrée de gamme ? Haut de gamme ?

4. Produits

Quelle est la segmentation du marché en fonction des catégories de produits et de clientèle ?

5. Prix

Quel est le niveau des prix ? Segmentation du marché

6. Concurrence

Quelles sont les caractéristiques de la concurrence en quantité, en qualité, en prix, en organisation commerciale et publicitaire ?

11. Dialoguez ! Vous, moi, nous

Sur internet, ce plan est principalement conseillé en matière de candidature à un emploi en ce qui concerne la rédaction de lettres de motivations ainsi que pour des lettres commerciales soit : l’entreprise, ce que je propose, l’intéret de notre collaboration.

Cette utilisation est manifestement  réductrice car elle repose sur une séquence psychologique très pertinente et de ce fait généralisable : s’intéresser tout d’abord à l’autre, ensuite se présenter et, enfin proposer une collaboration tenant compte des profils de chacun.

On peut imaginer des situations plus diverses que la recherche d’emploi et les relations avec les entreprises c’est à dire toutes celles dans lesquelles il s’agit de concilier,de négocier, de persuader.

12. Encouragez ! Merci ! Bravo ! Continuez !

Même observation que ci-dessus en ce qui concerne la pertinence psychologique de ce plan qui, pour cette raison, semble utilisable dans toutes sortes de speechs. Voici un exemple extrait d’un speech prononcé par le président d’un club de jeunes sportifs pour commencer la saison :

• Merci ! Merci aux enfants, aux parents, aux moniteurs, aux bénévoles, etc.

• Bravo ! Bravo les enfants pour…, bravo les parents pour…, bravo les moniteurs pour…, bravo les bénévoles pour…, etc.

• Continuez ! Continuez, que vous ayez gagné ou perdu, car… etc

Ve PARTIE. COMPLEMENTARITE ET SYNERGIE ENTRE LES METHODES

Il y a complémentarité et synergie entre les douze méthodes de recherche et de structuration des idées exposées dans cet article. Celles-ci apparaissent clairement lorsqu’on passe des plus générales aux plus spécifiques et par les trois étapes de l’élaboration du message : son orientation générale, la collecte des informations et sa structuration.

Le regroupement de ces méthodes entre ces trois catégories semble suffisamment explicite. Je procéderai toutefois, si nécessaire, à quelques commentaires. Sinon, je me limiterai à reproduire les définitions figurant dans le corps de l’article.

1. L’orientation générale du message

  • Les 4 critères de la parole
  • La définition, première opération de l’intelligence
  • La méthode SWOT

Le dénominateur commun des trois processus ci-dessus est qu’ils fixent des objectifs qualitatifs au message, que ces objectifs sont très contraignants et qu’ils sont par conséquent très enrichissants pourvu qu’on les respecte.

Nous avons vu que les “Quatre critères d’orientation et d’évaluation de la parole” : une parole juste, claire, vraie et belle sont issus des trois langages de la rhétorique, la logique,  l’éthique et la psychologie, lesquels sont eux-mêmes issus des trois opérations de l’intelligence : la définition, l’énonciation et l’argumentation. Outre leur fondement intellectuel rigoureux, nous avons vu que ces quatre critères sont des critères de bon sens, ce qui d’après Aristote, est l’essentiel en matière de rhétorique.

Une communication efficace devra donc respecter rigoureusement ces quatre critères et utiliser pour ce faire les différentes méthodes.

On notera la place primordiale de la définition, sans laquelle une chose n’existe pas, ainsi que ses différentes déclinaisons, dont la plus importante est celle de l’exemple (cf. infra).

Comme le disait le maréchal Foch : “De quoi s’agit-il” ?

J’ai inclus dans ces facteurs, la méthode SWOT. Si cette dernière est moins générale que les précédentes elle est plus concrète et, de ce fait, parfois plus génératrice d’idées. Il est souvent relativement facile de distinguer les avantages et les inconvénients d’une solution.

2. La collecte des informations

  • Les “témoignages” ou sources externes
  • Les sources internes
  • Les chiffres
  • L’exemple, ou “passeur universel”
  • Les circonstances
  • MindMap

2.1. Témoignages. Sources externes et internes. Chiffres.

A l’heure de la civilisation de l’intelligence est-il besoin de souligner, comme le faisait déja la rhétorique antique, l’importance des témoignages, c’est à dire des sources externes, des médias, en ce qui concerne la recherche des idées ? Aujourd’hui, où “trop d’information tue l’information”, et où prolifèrent les “fakes news” on aurait plutôt l’embarras du choix.

Dans ce contexte, il a lieu de privilégier la qualité de l’information c’est à dire sous la forme d’une information déja structurée, par exemple sous la forme d’encyclopédies, d’ouvrages, de revues, et d’articles de référence, de bases de données, de statistiques, d’enquêtes, d’audience rating et j’en passe.

On a vue par ailleurs que chiffres et statistiques constituent des synthèses et donc un progrès dans la connaissance. Ce qui n’exclut pas l’exploitation des informations brutes, notamment l’orsqu’elles s’inscrivent dans un contexte connu et sont chargées de sens.

La rhétorique antique y ajoutait, dans un tout autre registre, les proverbes, les maximes, les contes, comme témoignages de la sagesse populaire.

Nous sommes aidés dans cette sélection des informations par notre “base de données interne“, c’est à dire par notre culture personnelle et par l’action, en profondeur, de l’association des idées.

2.2. L’exemple

Nous avons vu que l’une des démarches essentielles en matière de recherche d’idées est l’élaboration d’une définition et que l’un des principaux moyens de définir est l’utilisation d’exemples. L’exemple en est, peut-être, aussi, le moyen le plus facile compte tenu de son caractère concret. L’exemple est le trait d’union entre l’abstraction et le réèl.

Un auteur constate « l’extrême vitalité de cette pièce maîtresse de l’ancienne rhétorique » et le considère, fort justement, comme le « passeur universel de la rhétorique [communication] profonde ».

Très souvent les généralités ne peuvent vraiment se comprendre que si nous les concrétisons par des exemples. L’exemple est un élément clé de l’argumentation et de la preuve. Une communication qui manque d’exemples risque vite d’être incomprise et de ce fait d’être ennuyeuse.

2.3. Les circonstances

Par opposition aux méthodes générales de recherche des idées, les méthodes concernant les circonstances portent sur des éléments précis. Ces derniers constituent un plan de recherche mais celui-ci s’articule autour de catégories d’informations lesquelles sont autant d’amorces de recherche d’idées plus précises. Par exemple aux 5 Ws correspondent les cinq catégories d’informations à rechercher l’orsqu’on veut relater un évènement.

2.4. MindMap

Bien que MindMap ne soit pas à proprement parler un instrument de génération des idées ce logiciel en facilite tellement la recherche que je l’ai inclus dans ces cette fonction. Nous avons vu que face à l’extrème agilité de l’IA le recours aux N.T.I.C. antérieures devient un must. En fait MindMap, ou les logiciels d’arborescence similaires, a un double rôle : de recherche et de structuration des idéés.

La division d’une MindMap en idée centrale, branches maitresses de synthèse et branches secondaires, tertiaires etc d’analyse est la représentation graphique des quatre règles de Descartes : analyse, synthèse, évidence, dénombrement.  Les deux premières de ces règles correspondent aux deux méthodes qu’utilise l’intelligence.

On a vu que parmi ces trois règles, l’analyse est l’une des plus importantes puisqu’elle consiste à diviser la difficulté et que c’est cette division qui permet, souvent, de résoudre un problème. Le fait de disposer de ce cadre intellectuel qu’est l’arborescence et la possibilité d’y insérer instantanément, à tous les niveaux, des mots-clés sont des atouts pratiques importants car ils facilitent beaucoup cette démarche .

3. La structuration du message

  • La méthode cartésienne
  • Le plan
  • La méthode Swot
  • Mind Map

La méthode cartésienne, les différentes catégories de plan, la méthode Swot sont toutes fondéés, à une exception près, le plan énonciatif, sur la logique, dont les deux méthodes de base sont l’analyse et la synthèse.

Il y a lieu de souligner que parallèlement à leur fonction fondamentale, la structuration des idées, la plupart de ces méthodes orientent, d’une manière très générale et différente selon le sujet traité, la recherche des idées.

Il en est ainsi, par exemple, d’un plan chronologique par rapport à un plan dialectique. De même en ce qui concerne les règles de l’évidence et du dénombrement de la méthode cartésienne ou les forces, les faiblesses, les opportunités et les menaces de la méthode SWOT.

Nous avons vu dans le paragraphe précédent que Mind Map a un double rôle de recherche et de structuration des idées.

CONCLUSION. Méthodes et I.A. générative

Avec le bouleversement intellectuel que constitue l’arrivée des IA génératives se pose, à l’évidence, la question de l’utilité des méthodes classiques de recherche et de structuration des idées que nous venons d’examiner.

Les lois invincibles du moindre effort et du moindre coût se manifestent déja largement dans différents secteurs de l’économie et chez les étudiants du monde entier.

Pourquoi passer beaucoup de temps et d’argent à procéder à de fastidieuses recherches d’information et se donner la peine de les structurer, alors qu’en quelques clics on peut obtenir de l’IA une réponse apparemment satisfaisante ?

Monsieur de la Palice aurait sans doute pu proférer cette évidence : comment pourrions nous évaluer les réponses de l’IA, laquelle est censée répliquer le fonctionnement de notre propre intelligence, si nous ne le connaissons pas nous mêmes ?

Les myriades de tests de l’IA qui ont été éffectués depuis plusieurs années montrent que la qualité de ses réponses est très étroitement fonction de la qualité des questions posées. Les internautes qui ont déja utilisé les IA ont d’ailleurs pu constater que celles-ci sollicitent d’elles-mêmes la reformulation des questions afin d’affiner leur réponse initiale et aussi, ce faisant, d’enrichir leurs base de données et leurs algorithmes.

Mais qu’est-ce qu’une bonne question ? Je reprends ci-dessous l’ébauche rapide et incomplète que j’en ai donnée dans le texte (v. 6.1.).

C’est là ou les méthodes de recherche d’idées peuvent être très utiles, à commencer par celles qui portent sur la logique. Est-ce que la question posée va à l’essentiel ? Est-elle précise ? Est-elle claire ? Est-ce que la réponse de l’IA est complète, respecte-t-elle le dénombrement cartésien, suit-elle un ordre logique, une hiérarchie des critères ?

Cette ébauche n’est qu’un exemple et on peut diversifier les questions en faisant notamment référence à d’autres aspects de la logique, ainsi qu’à l’éthique et à la psychologie.

On sera particulièrement vigilant en ce qui concerne deux concepts clés de la rhétorique, ou de la communication, c’est la même chose : la définition et l’exemple, ce dernier en étant, on la vu le “passeur universel de la rhétorique [communication] profonde” .

Dans un article précédent sur la communication, j’avais dénombré “12 critères clés chargés de sens au plus haut degré possible”. En raison de leur filiation directe, trop rarement soulignée, entre intelligence et langage, ceux-ci peuvent servir de points de repères. Je les rappelle :

Les trois opérations de l’intelligence : Définition, Enonciation, Argumentation. Les trois modes de perception de la réalité : Raison, Valeurs, Affects. Les trois langages correspondants : Logique, Ethique, Psychologie. Les quatre critères d’orientation et d’évaluation de la parole : Juste, Claire, Vraie, Belle.

Il n’échappera pas que ces douze critères sont issus de la rhétorique grecque, toujours jeune aujourdh’ui malgré ses deux mille cinq cents années d’existence.

Je terminerai cet article par deux citations de deux grands auteurs qui me paraissent bien résumer mon propos et, plus généralement, mes modestes recherches :

La première est de l’orfèvre en matière de rhétorique que fut Jacqueline de Romilly, membre de l’Académie française et première femme professeur au collège de France :

La rhétorique est passée par une série d’étapes qui l’ont conduite, dans un progrès continu, à la plus haute place parmi les sciences authentiques (Jacqueline de Romilly – Magie et Rhétorique dans la Grèce ancienne – Les Belles Lettres – 2019)

La seconde est de l’écrivain et historien égyptien Ahmad Amin :

Il y a interaction entre langage et pensée. Un langage organisé agit sur l’organisation de la pensée et une pensée organisée agit sur l’organisation du langage. (Ahmad Amin – Fayd al Khatir)

Louis Marchand

(1) Quintilien. De l’institution oratoire. 95 ap. J.C.

(2) Eric Sarrion. La révolution Chat GPT. Eyrolles. juin 2023

(3) Franck Frommer. La pensée PowerPoint. Enquête sur ce logiciel qui rend stupide. La Découverte. 2010

(4) Tony Buzan. Mind map. Dessine-moi l’intelligence. Eyrolles/BBC. 2016

(5) Victor Thibaudeau. Principes de logique – Définition, énonciation, argumentation. PUL. 2006

(6) Anthony Robbins. Pouvoir illimité. J’ai lu. 2008

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